Une molaire de mammouth ! Peut-être que quelques passionnés se rappellent encore de la découverte faite en 2009, sur la commune de Vic-le-Comte, au lieu-dit « Enval ».
Une trouvaille exceptionnelle car rare. Mais pas seulement… Elle était rattachée à un site particulièrement riche en ossements, silex et tablettes gravées… De quoi alimenter une foule de questions sur la vie de ces hommes et femmes, il y a environ 16.000 ans.
« Lors de la précédente fouille réalisée par Yves Bourdelle, il y a une quarantaine d'années, sur seulement 13 à 14 mètres carrés, quelque 30.000 objets avaient été mis au jour dont des plaquettes gravées, une statuette de femme et bien sûr de très nombreux silex. Des outils – burin, grattoir et couteaux ou les trois à la fois – dont nombre étaient issus de la région de Vierzon », se rappelle Frédéric Surmely, conservateur du patrimoine au service régional de l'archéologie de la Drac (*).
« Dès cette époque, on peut supposer que des échanges commerciaux, ou parfois des butins de combat, permettaient à ces hommes de s'équiper. Pourtant, la production de silex existait non loin de là, à Laps. Pour ce peuple, il s'agissait peut-être de posséder des objets plus prestigieux, d'une couleur blonde et translucide, qui se différenciaient des silex locaux sombres, opaques et striés. »
Sous la pelle
L'été dernier, rebelote ! Une découverte fortuite révèle un gisement préhistorique qui promet d'être aussi extraordinaire, si ce n'est plus. « Un habitant voulait faire un mur le long de la falaise. Il a engagé ses travaux avec une pelle et il a alors mis au jour tout un tas d'ossements d'animaux et de silex… Pourtant, on se trouve à 150 mètres du site précédent. Je n'ai jamais vu un gisement de cette ampleur ! Il y a bien quatre niveaux d'occupations humaines superposées, sur plusieurs dizaines de mètres carrés ! Pour l'heure, nous n'avons réalisé que le sauvetage des pièces trouvées là, grâce à la collaboration plus qu'exemplaire du propriétaire du terrain. Les fouilles que nous allons conduire l'an prochain devraient très certainement nous en dire beaucoup sur la vie de ces hommes préhistoriques. Déjà, cela infirme certaines thèses selon laquelle la région était peu peuplée à cette période-là, marquée par la fin de la glaciation. »
Cette « nappe » de vestiges préhistoriques, trouvés au fond de cet abri-sous-roche, semble rassembler tout ce qu'ils ont voulu abandonner sur place : « Il est possible que cela soit leurs déchets qu'ils laissaient au fond de l'abri. Eux, devaient vivre sur le devant. Il s'agit d'outils abandonnés, cassés, des silex ébréchés, brisés, des restes de taille, des objets de parures cassés, comme des perles ou des coquillages fossiles percés. On a aussi trouvé deux fragments de plaquettes rocheuses portant des gravures. Et puis il y a des ossements d'animaux qu'ils mangeaient. »
Un campement stable
Que faut-il retenir de cette découverte exceptionnelle ? « Son extrême richesse ! Il s'agissait d'une occupation humaine quasi permanente, pas juste d'un campement de chasse mais bien un campement résidentiel stable du groupe humain. Il y a aussi de gros indices de contacts longues distances. Nous avons trouvé des objets en silex provenant de Touraine, du nord Poitou et des Alpes, mais aussi des coquillages fossiles percés venant de Touraine ou du Centre de la France. Et puis, il a sans doute tant d'autres choses à découvrir. Fort heureusement le propriétaire du terrain est particulièrement gentil et collaboratif. Il a même protégé l'abri ! »
(*) Direction régionale des affaires culturelles.
Geneviève Thivat